La salle des maîtres de l'école de la Garanderie n'est pas à proprement parler agréable. C'est un local borgne aux murs blancs, aménagé du mieux possible, mais dans lequel j'ai eu de le peine à me retrouver. Depuis le jour ou j'ai projeté une nouvelle image mentale sur ses murs, l'air s'y est fait moins rare et les murs ont sensiblement reculé.

J'étais devenu par la seule force de la pensée capitaine d'un submersible. La pièce est profilée tout en longueur comme à l'intérieur de la coque d'un sous-marin, avec des murs épais et solides qui sont à même de résister à la pression extrême des grandes profondeurs. Les multiples rayonnages et les agencements sont serrés pour exploiter au mieux l'espace disponible. Dans le submersible, un espace cuisine confiné dénote une vie à bord et les écrans d'ordinateurs rappèlent que nous pouvons piloter de l'intérieur porte fermée.

Lorsque j'entre dans le sous-marin, je ferme les écoutilles et incline les barres de plongée. La coque s'enfonce alors dans le silence des profondeurs et le sonar fouille de ses doigts agiles l'immensité parfois bleue, parfois obscure. Le bâtiment se tait, ferme ses yeux et se met à l'écoute de son environnement.  L'immersion prend du temps, et parfois le signal ricoche sur un élève en difficultés. L'écho me réveille et m'alerte sur la manœuvre à entreprendre, pour trouver une solution, pour me questionner, pour m'émerveiller ou tout simplement pour observer ces esprits si complexes, qui se cherchent et qui peinent parfois à se trouver.

A l'abri d'une coque solide qui étouffe les bruits et l'agitation extérieure, je prolonge volontiers l'immersion en glissant dans un silence qui m'inspire. Le sous-marin explore un espace large et une solitude infinie qui inquiètent et qui questionnent tout en se diluant dans la mer sans fin de l'être.

Ramiro Conde